Investissement Massif en France : L’Innovation dans les Petits Réacteurs Nucléaires Modulaires
L’appel d’air créé par le plan France 2030, annoncé par le président Emmanuel Macron, a conduit à l’émergence d’une dizaine de start-up françaises spécialisées dans les petits réacteurs modulaires nucléaires (SMR). Cette initiative visait à réveiller l’innovation nucléaire en France, notamment après l’abandon du démonstrateur Astrid en 2019. Le plan France 2030 prévoyait une enveloppe d’un milliard d’euros pour soutenir le développement de petits réacteurs nucléaires français.
Ce financement était destiné en grande partie au projet de SMR Nuward d’EDF, de génération III+, qui fonctionne à l’eau pressurisée. Cependant, une partie de ces fonds devait également servir à soutenir l’émergence de réacteurs innovants de génération IV. L’objectif de ces initiatives était de diversifier les usages du nucléaire, notamment en utilisant l’énergie nucléaire pour produire de la chaleur, de l’eau douce et de l’hydrogène à faible teneur en carbone. De plus, les SMR devaient contribuer à réduire le volume et la radioactivité des déchets issus des installations nucléaires tout en améliorant la sûreté et la sécurité nucléaires.
L’annonce de ces financements a entraîné une réponse immédiate de l’industrie nucléaire française. Auparavant, l’innovation nucléaire en France était principalement gérée par le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) et EDF. Cependant, la création de start-up spécialisées dans le nucléaire, telles que Naarea, Jimmy et Neext Engineering, a démontré un nouvel intérêt pour ce secteur. Les Italiens de Newcleo, basés à Londres, ont également choisi de s’installer en France et d’investir 3 milliards d’euros pour construire leur premier réacteur à neutrons rapides refroidi au plomb de 30 mégawatts électriques, ainsi qu’une usine de production de combustibles.
Le CEA a également lancé deux start-up, Hexana et BlueCapsule. EDF a créé une filiale pour accélérer le projet Nuward, bien que les 500 millions d’euros du plan France 2030 ne lui soient pas garantis et soient conditionnés à la maturité technologique du projet.
Gorgé Group a annoncé la création d’un SMR de 30 mégawatts électriques pour fournir de la chaleur urbaine. En dix mois, la France est passée de un à huit projets de miniréacteurs nucléaires, dont certains ont déjà reçu un financement de 10 à 15 millions d’euros de France 2030.
Malgré cette réactivité, les projets français sont en retard par rapport à ceux de la Russie, de la Chine, des États-Unis et du Canada, qui disposent déjà de SMR en service. Les projets français sont encore au stade de concept, et ils devront souvent s’implanter en dehors des sites nucléaires existants. Bien que les SMR soient conçus pour être plus sûrs et résilients, car ils ne nécessitent pas d’apport d’eau extérieur pour les refroidir, la question de leur acceptabilité par les populations locales demeure.
Cependant, les SMR européens ont l’avantage de proposer une chaîne logistique 100 % européenne, offrant un atout souveraineté sur le marché du remplacement des centrales à charbon. L’Autorité de sûreté nucléaire française (ASN) a accéléré la certification des projets de miniréacteurs français dans plusieurs pays européens, renforçant ainsi la crédibilité des projets.
Les projets de miniréacteurs français, même s’ils sont encore au stade de concept, montrent que la France est à nouveau un acteur clé dans le secteur nucléaire. En collaboration avec d’autres pays européens nucléophiles, la France vise à renforcer sa souveraineté énergétique et la compétitivité de son industrie nucléaire, même si des défis subsistent. La Pologne a déjà choisi un partenaire américain pour son premier SMR, mais la compétition pour les miniréacteurs est encore ouverte.