Tendances

A quoi servent les rapports du GIEC ?

Lundi 20 mars, le GIEC a dévoilé son dernier rapport : quels sont les nouveaux points importants soulignés par les chercheurs et surtout à quoi servent ces synthèses scientifiques ? C’est le sujet du Talk franceinfo. Tous les soirs, à partir de 18 heures, Manon Mella et ses invités débattent avec les internautes de la chaîne Twitch de franceinfo.

Le GIEC, groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, a publié sa synthèse le 20 mars 2023. Il s’agit de la synthèse de huit ans de travaux dans lequel les scientifiques appellent à un sursaut international pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C. Qualifié de « guide de survie pour l’humanité » par le secrétaire général de l’Organisation des Nation unies, Antonio Guterres : que contient cette synthèse du GIEC à destination de nos gouvernants ?

Manon Mella reçoit Rodolphe Meyer aka Le Réveilleur sur Youtube, ingénieur et docteur en sciences de l’environnement ainsi qu’Alexandre-Reza Kokabi, journaliste pour Reporterre.

Un modèle à bout de souffle ?

Rédigé par plus de 90 scientifiques, la synthèse du GIEC condense les recherches et avancées de la climatologie pour alerter les instances internationales sur les risques d’un réchauffement sans précédent de la planète. Ces scientifiques soulignent d’ailleurs que celui-ci est déjà bien engagé.

A l’origine du réchauffement climatique, la synthèse du GIEC souligne l’impact des activités humaines. Combustion d’énergies fossiles, déforestation : les émissions de gaz à effet de serre liée à l’activité des humains, notamment dans les pays où le niveau de revenu est important.

Rejoignez-nous dès 18 heures du lundi au vendredi sur la chaîne Twitch de franceinfo pour participer au Talk de Manon Mella. Une heure d’échange, d’éclairage, et de débat autour de sujets d’actualité et de société.

Innovation

« Le gouvernement ne veut plus de nous » : aux Pays-Bas, les agriculteurs contestent le « plan azote »

Les Pays-Bas visent une réduction de moitié en sept ans des émissions d’azote, ce qui impose une réduction très importante du cheptel. Inacceptable, pour les éleveurs.

Devant la ferme de Richard Veeraaf trône un tracteur flambant neuf acheté pour sa fille de 26 ans qui veut reprendre l’exploitation. « Mais le gouvernement ne veut plus de nous ! », peste cet éleveur de vaches et de cochons. Un plan du gouvernement néerlandais prévoit une diminution de moitié en sept ans des émissions d’azote. Il impose une réduction drastique du cheptel néerlandais, par exemple dans la province du Brabant-Septentrional. Un coup dur pour les éleveurs des Pays-Bas. « Pour moi, avance Richard Veeraaf, l’impact de ce plan, c’est de devoir me séparer d’au moins 35% de mon bétail. Dans certaines zones, certains devront se séparer de 94% de leur cheptel. Comment supporter ça avec nos revenus ? Comment va t-on gagner nos vies ? »

Des chênes tués à petit feu

Aux Pays-Bas, entre les exploitations agricoles et les quelque 160 parcs Natura 2000 protégés par la législation européenne, la cohabitation n’est plus possible. L’air devient irrespirable et les sols sont gorgés d’azote, un gaz issu notamment des déjections animales. « L’azote, ça tue les champignons qui sont autour des racines des chênes. Et les chênes meurent lentement. Au lieu de vivre entre 400 et 600 ans, ils ne peuvent pas vivre plus de 80 ans », alerte Lex Querelle, l’un des responsables de la réserve naturelle d’Oisterwijk.

D’une simple pichenette, Lex Querelle arrache un gros morceau d’écorce avec son doigt. Autour, les arbres sont comme pelés. Nombre d’espèces sont menacées. 70% des oiseaux naissent avec des os trop fragiles, explique le naturaliste. Les efforts faits par le monde agricole pour baisser la pollution, selon lui, ne suffisent plus. « Il y a des moments où il faut se décider à admettre que la croissance n’est plus l’objectif principal. Que trop, c’est trop ».

« On paye le prix de l’inaction pendant des décennies »

Pour Philippe Lamberts, patron des Verts au Parlement européen, ces changements radicaux mais nécessaires doivent être accompagnés, comme on l’a fait à une autre époque, avec la fin du charbon. « Cela veut dire un changement de métier. Il faut voir quelles sont les dispositions que l’État peut mettre en place pour faire passer la pilule. Le politique doit assumer ses responsabilités. On paye aujourd’hui le prix de l’inaction pendant des décennies. Ces changements vont toucher tout le monde dans les modes de vie, mais c’est une question de survie. Et quand c’est une question de survie, on fait ce qu’il faut. »

Pour accompagner la transition, 24 milliards d’euros ont été provisionnés par le gouvernement néerlandais. Sans convaincre. En mars, le Mouvement des agriculteurs citoyens (Boer Burger Beweging, ou BBB), un parti inconnu jusqu’alors qui fédère une vaste colère sociale contre le gouvernement, a remporté une victoire surprise aux élections provinciales. Au-delà des manifestations contre le plan azote, le BBB a capitalisé sur la colère du monde rural, mais aussi sur le rejet de l’élite urbaine dirigeante. Et il est devenu le premier parti au Sénat