La dégradation des terres, une menace pour la vie humaine : l’alerte de l’Arabie Saoudite
La dégradation des sols et des paysages à l’échelle mondiale représente une menace directe pour la vie humaine, et il est urgent d’agir pour y remédier, a déclaré le gouvernement saoudien.
Selon le vice-ministre de l’Environnement du royaume, la négligence des terres provoque des pertes économiques mondiales de plusieurs milliers de milliards de dollars, réduit la production agricole, perturbe les ressources en eau, expose les enfants à une mauvaise nutrition et détruit des écosystèmes vitaux.
Ce défi mondial sera mis en avant lors d’un sommet international sur la dégradation des terres, prévu en décembre à Riyad, la capitale saoudienne. Cet événement, qui se tiendra dans le cadre de la Conférence des Parties (Cop) de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, attire traditionnellement moins d’attention que les Cops consacrées au climat et à la biodiversité.
Cependant, l’Arabie Saoudite, pays hôte de cette édition, entend placer la gestion des terres sous les projecteurs en invitant des ministres et chefs d’État du monde entier pour mobiliser des ressources financières significatives. Cette initiative offre une rare opportunité pour le royaume, souvent accusé de comportements obstructifs lors des sommets climatiques, de dévoiler ses priorités environnementales face aux défis posés par le réchauffement climatique et les pénuries d’eau.
Osama Faqeeha, vice-ministre de l’Environnement du royaume, a insisté sur le fait que la désertification ne se limite pas aux pays arides, et que la Convention devrait être comprise comme un instrument couvrant toutes les terres vulnérables à travers le monde, et visant leur protection et leur préservation. « Cette Cop concerne la dégradation des terres, la préservation et la sécheresse », a-t-il expliqué dans une interview rare. « Elle est cruciale pour la sécurité de l’eau, la sécurité alimentaire, la biodiversité et les communautés humaines. Il est essentiel de rappeler au monde ce lien profond que nous avons tous avec la terre. »
Faqeeha, qui assistera le ministre saoudien de l’Environnement et de l’Eau, Abdulrahman al-Fadley, en tant que président désigné de la Cop, souligne que la désertification révèle une mauvaise gestion des terres. « Nous devons adopter une vision globale. La dégradation des terres est un phénomène universel. Plus de 2 milliards d’hectares sont déjà dégradés dans le monde. Actuellement, 55 % des pays rapportent une dégradation des sols, mais les données restent insuffisantes… Le coût de la dégradation des terres atteint un chiffre stupéfiant de 6 000 milliards de dollars par an. »
Il a averti que, si la tendance actuelle se poursuit, la superficie des terres dégradées pourrait tripler d’ici 2050 sans des actions fortes pour restaurer leur fertilité et éviter une surexploitation.
Les impacts de cette dégradation se manifestent non seulement par la perte d’espèces, mais aussi sur la nutrition humaine. Les enfants, aujourd’hui, consomment les mêmes quantités d’aliments qu’il y a quelques décennies, mais ces aliments, provenant de sols appauvris, contiennent moins de nutriments essentiels.
La Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification a été créée lors du Sommet de la Terre de Rio en 1992, aux côtés de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et de la Convention sur la biodiversité. Chacune organise sa propre Cop : celle sur le climat se tient annuellement, tandis que celles sur la désertification et la biodiversité se tiennent tous les deux ans. La Cop29 sur le climat se déroulera en Azerbaïdjan à partir du 11 novembre, tandis que la Cop16 sur la biodiversité se termine cette semaine en Colombie. Les conclusions de ces conférences seront intégrées aux discussions de la Cop16 de la CCD à Riyad. Parmi les trois Cops, celle consacrée à la désertification est « la moins comprise », a souligné Faqeeha.
Harjeet Singh, directeur de l’engagement mondial pour l’Initiative pour un traité de non-prolifération des combustibles fossiles, a insisté sur la nécessité pour l’Arabie Saoudite de prendre en compte le climat lors des discussions à Riyad. « À mesure que les sécheresses, la dégradation des terres et la désertification s’intensifient en raison de la hausse des températures, notamment dans des régions vulnérables comme le Moyen-Orient, il est essentiel de lier les actions climatiques à une gestion durable des terres », a-t-il déclaré.
Toutefois, l’Arabie Saoudite hésite à associer la Cop sur la désertification aux enjeux climatiques, en dépit des interactions évidentes entre la désertification et les bouleversements majeurs des cycles hydrologiques dus à la crise climatique, qui se manifestent de plus en plus sous forme de phénomènes météorologiques extrêmes, de vagues de chaleur, de sécheresses et d’inondations.